Go-Bag : quitter sa maison dans la minute
Dans un monde chaotique, de plus en plus de catastrophes sont possibles. Terrorisme, effondrement, accident nucléaire, émeutes graves… quoiqu’il arrive, pour être résilient, mieux vaut être préparé.
Avoir un lieu sûr où se réfugier est toujours bon. J’ai d’ailleurs réalisé la vidéo que vous allez voir dans ma maison résiliente à laquelle je vous conseille aussi de jeter un œil. Seulement, tout le monde n’a pas les moyens financiers de se préparer un refuge, et surtout, même si vous pouvez vous le permettre, il est tout à fait possible que vous n’y soyez pas le jour où une catastrophe arrive.
Comment être prêt pour l’imprévisible si vous vous trouvez au cœur d’eu métropole agitée, congestionnée, dangereuse ? Simple : faites-vous un go-bag, un sac à dos d’urgence, que vous pouvez prendre à tout moment pour quitter votre appartement. Sur ce principe simple, toutes sortes de personnalisations sont possibles, à côté de quelques objets comme le couteau suisse qui font figure de classiques absolus. Voici mon go-bag, présenté avec Benoit Wojtenka de bonnegueule.com.
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Pourquoi un sac à dos d’urgence ?
Dans les mois qui ont suivi la réalisation de cette vidéo, je n’ai pas ressenti une seule fois le besoin de prendre mon go-bag. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Ces sacs, après tout, sont une assurance dans le cas où un événement préoccupant nous oblige à quitter notre maison en urgence. De 2016 à aujourd’hui (décembre 2018), je me suis concentré sur mes conférences, sur des missions de consulting auprès d’entreprises en demande de prospection, sur l’impact des mutations chaotiques côté acteurs économiques et ainsi de suite. C’est ce qu’on pourrait appeler le côté « cool » de la futurologie et je ne m’en plaindrai certainement pas.
Puis, en novembre 2018, nous avons eu droit aux premières activités des « gilets jaunes ». Dans toute la France, des dizaines, puis des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue. Péages, ronds-points, axes autoroutiers se sont retrouvés bloqués. Des blocages qui ont vite laissé place à des destructions de radars et de péages ainsi qu’à des manifestations de grande ampleur à Paris, pour ne pas dire des batailles rangées avec la police…
Il vaut mieux prévenir que guérir. Si vous vous retrouvez au milieu d’une énorme émeute, quelque part dans un champ de bataille géant entre une police militarisée et des protestataires très en colère, vous vous féliciterez d’avoir un go-bag et un endroit où aller. Au moment M, sachez quoi faire, gardez la tête froide et mettez-vous en sécurité.
Avec un sac à dos d’urgence, vous n’aurez pas besoin de trop réfléchir. Habillez-vous et prenez-le ! Que vous alliez chez un voisin, descendiez dans la rue pour aider quelqu’un, ou même si vous êtes forcé de quitter votre domicile, ce sac peut vous apporter une aide cruciale pour arriver à bon port.
Comme dit dans la vidéo, je dispose de deux sacs prêts, celui que vous pouvez voir et qui se trouve dans ma maison résiliente, et l’autre qui est chez moi à Paris.
Le but : communiquer facilement, se déplacer rapidement, être autonome.
Poche extérieure
La première chose qu’on trouve dans mon sac, c’est un bon morceau de paracorde.
Comme son nom l’indique, cette corde noueuse et très épaisse a été conçue pour les suspensions de parachutes avant de servir à de multiples usages. On peut, en la dénouant, la rendre assez longue pour attacher deux objets, hisser quelqu’un ou quelque chose, former un garrot pour arrêter un saignement, s’en servir comme ceinture et ainsi de suite.
Juste au-dessous de la paracorde vient une lampe tactique.
Je m’étais acheté une grosse MagLite, dont le faisceau lumineux long et puissant fait plaisir à voir, mais ces lampes à grand format sont gourmandes en batterie et pas faciles à recharger. Une lampe tactique est beaucoup plus sûre. Quand on ne s’en sert pas, ses batteries ne se déchargent que très lentement, elle est très légère, et lorsqu’on s’en sert, elle consomme assez peu pour garantir des heures de lumière en continu.
Au cas où, j’ai aussi quelques piles à côté.
Au fond de la poche, on trouvera deux briquets. Dans une situation de survie, vous pouvez toujours avoir besoin d’allumer un feu, en particulier durant l’hiver.
Aussi classique qu’incontournable, le couteau suisse peut servir pour une multitude d’usages. J’en ai choisi un qui dispose de pinces solides. Beaucoup de ces couteaux ont en effet des pinces parent pauvre et, en bon ingénieur, je voulais un couteau avec lequel il est possible de triturer et le cas échéant de couper des câbles électriques. (Sans m’électrocuter, bien entendu !)
Poche du milieu
La poche intermédiaire de mon sac à dos est aussi celle à plus grosse contenance. J’y ai mis un gros pack de rations de secours.
Très denses autant en poids qu’en nutriments, ces rations pourraient nourrir deux personnes pendant trois jours. Avantage majeur : elles restent consommables pendant dix ans après leur date de fabrication.
On trouve aussi dans ma poche du milieu une gourde-sac ou gourde pliable. Lorsqu’elle est vide, cette gourde est absolument plate, ne pèse presque rien et n’occupe quasiment aucun volume.
De pair avec la gourde, j’ai aussi des tablettes de purification de l’eau. J’ai choisi des tablettes AquaTab pour la simple raison que la marque promet une désinfection et purification en 30 minutes chrono, soit le délai le plus court que j’aie vu sur le marché.
Poche dorsale
Comme sur les sacs à dos urbain, la poche dorsale de mon go-bag peut contenir un ordinateur portable si besoin est. Pour l’instant, j’y ai mis une trousse de premiers secours.
Achetée toute faite, cette trousse contient des pansements, une couverture de survie et d’autres produits pharmaceutiques typiques.
Au cas où ce kit ne suffirait pas, j’y ai ajouté notamment :
Des masques anti-poussière, prêts à l’emploi.
Des compresses stériles renforcées à la gaze
Des antibiotiques, du paracétamol et une crème désinfectante. (À présent, avec les émeutes, j’ajouterais à cela du sérum physiologique pour se nettoyer les yeux en cas d’exposition au gaz lacrymogène et peut-être un masque de plongée pour se protéger les yeux.)
Avec tout cela, on peut déjà aider quelqu’un qui s’est fait mal, au moins au cours de la période cruciale entre le moment de la blessure ou de l’incident et l’arrivée des secours médicaux.
Petit ajout plus personnel : des tablettes d’iodine. En cas d’accident nucléaire, l’iodine protège contre une partie des radiations. Elle va en effet saturer la thyroïde et empêche ainsi les ions radioactifs de s’y attacher. Ces tablettes sont censées être disponibles dans les préfectures, mais un sac à dos d’urgence est justement censé vous aider quand vous ne pouvez pas (trop) compter sur le gouvernement. Les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ne sont pas si lointaines, et je suis assez vieux pour me rappeler comment l’État, en dépit de la science et du bon sens, disait que le nuage de Tchernobyl ne passerait pas les frontières françaises. (Spoiler : si, il l’a fait !)
Outre le matériel de santé, j’ai aussi dans la poche dorsale une petite radio, qui peut être rechargée sur secteur ou avec une dynamo intégrée, ainsi qu’une lampe de poche venant aussi avec sa petite dynamo. Il s’agit surtout d’une lampe d’appoint ou de secours, au cas où la lampe tactique n’aurait plus de batterie ou si l’on avait besoin de deux lampes. Cette lampe de poche n’a que peu d’autonomie, et j’ai pu remarquer, avec celle-ci comme avec d’autres exemplaires, que la dynamo ne fournit que peu d’énergie et qu’il faut donc mouliner longtemps pour avoir une lumière suffisante.
Petite poche extérieure
Enfin, la petite poche située tout à l’avant de mon sac abrite du matériel de communication. J’y ai pensé car ma maison résiliente a une connexion ADSL plutôt mauvaise. Être loin des centres urbains n’a pas que des avantages, en particulier lorsqu’il est question de télécommunications. Que faire, alors, si je suis dans ma maison résiliente et qu’il n’y a plus Internet ? Comment communiquer si le réseau de communication normal s’effondre ?
La solution : un réseau de radios citizen-band ou cibi. J’espère que certains de mes voisins ardéchois en sont équipés, eux aussi. Cela s’inscrit dans la formation d’une communauté résiliente, où, même si Internet et le réseau téléphonique cessent de fonctionner, on peut toujours appeler ses voisins. En cas d’urgence, ou plus prosaïquement pour se dire bonjour le matin et se demander qui a des œufs, qui n’en a pas et ainsi de suite.
La redondance des moyens n’offrant que plus de sécurité, j’ai aussi un talkie-walkie et, bien entendu, tous les chargeurs nécessaires pour maintenir ces appareils en état de fonctionnement.
Être résilient, c’est bien… réussir, c’est mieux !
Ce sac de survie ne contient peut-être pas tout ce qu’il faut en cas, par exemple, d’attaque de zombies. Certains m’ont suggéré d’ajouter un collant de ski et un sous-pull ultra-chaud, au cas où j’aurais besoin de dormir dehors. On m’a aussi proposé d’y mettre une ou deux armes, mais même les armes dites d’autodéfense sont en général interdites de port et peuvent mener à toutes sortes de problèmes légaux si vous vous faites surprendre avec… et ce n’est surtout vraiment ma « posture ». Comme dit plus haut, mon go-bag n’est pas une formule parfaite : c’est un exemple dont vous pouvez vous inspirer pour faire votre propre sac à dos d’urgence.
Outre les nécessités de base – eau, nourriture, kit de premiers secours – je vous conseillerais fortement de faire connaissance avec vos voisins si ce n’est pas déjà fait. Dans un environnement urbain, on peut vivre des années à côté de gens dont on ignore tout. On se retrouve à communiquer plus facilement avec des amis, collègues, ou de la famille qui vit loin plutôt qu’avec ses propres voisins ! Mais si une catastrophe arrive, il est bien possible que vos amis lointains ne vous soient d’aucun secours. Vos voisins, eux, seront sans doute là, et si vous les connaissez et que vous pouvez échanger ou faire équipe avec eux facilement, vous vous en sortirez d’autant mieux.
Par ailleurs, le chaos n’est pas seulement quelque chose d’inconfortable et de dangereux que vous devriez chercher à éloigner. Loin de là. Le chaos est une réalité fondamentale, plus ancienne que la vie elle-même, et qui fait son grand retour dans un monde qui s’en est cru un peu trop vite à l’abri. Si un effondrement est toujours à craindre, le chaos est aussi porteur d’innombrables opportunités. Non seulement il peut vous aider à devenir résilient et à vous construire, ne serait-ce que dans vos efforts pour vous en protéger, mais vous pouvez aussi en faire rien moins que votre ami.
Pour cela, vous pouvez consulter mon blog, où je rencontre des experts de tous horizons pour mieux comprendre le monde, et télécharger mon guide anti-crises via le formulaire à droite. Ou même, si vous le souhaitez, jeter un œil à mon livre Chaos, mode d’emploi !
De quoi vous préparer aux risques et bénéficier des opportunités tout en sérénité et en bonne humeur.
Prenez soin de vous,
Bruno Marion, le Moine Futuriste