fbpx

ChatGPT : l'enfer ou le paradis ?

Comment impressionner Bill Gates

Bill Gates dit avoir été vraiment impressionné par deux « démos » dans sa vie : la première fois lors de la présentation de l’interface avec les ordinateurs qui sera à l’origine de Windows… Et la deuxième fois lors de la démo de ChatGPT en septembre dernier. On aime ou on n’aime pas Bill Gates mais cela nous dit quelque chose sur l’importance de cette nouvelle technologie, au moins à ses yeux !

Et Bill Gates n’est apparemment pas le seul à avoir été impressionné. Cinq jours ! C’est ce qu’il a fallu à ChatGPT pour attirer 1 million d’utilisateurs. A titre de comparaison, pour obtenir une telle audience, dix mois ont été nécessaires à Facebook, plus de deux ans à Airbnb et trois ans et demi à Netflix. Le nombre d’utilisateurs de ChatGPT a dépassé 100 millions en janvier 2023 !

Et en même temps, alors que j’écris ces lignes plusieurs spécialistes de l’intelligence artificielle demandent un moratoire de plusieurs mois sur les développements de ChatGPT et de ses concurrents à cause de ses dangers pour l’humanité.

Ainsi, j’observe que la plupart des articles sur le sujet de l’intelligence artificielle tournent autour de « l’IA c’est génial, cela va nous assurer un avenir brillant, nous sortir de la souffrance et de la misère ». Ou à l’inverse « l’IA c’est mal, on va tous perdre notre emploi, et c’est la fin proche de l’humanité ».

Ce qu’en pense un moine futuriste

Alors, je voudrais vous parler de ce que je n’ai pas ou peu lu ailleurs.

Et comme d’habitude mon côté moine futuriste a plus envie de vous parler humblement d’évolution de conscience et d’émergences et pas seulement de technologie…

Je voudrais vous parler de la relation entre l’être humain, c’est à dire nous, et l’intelligence artificielle ou plus exactement un de ses avatars les plus performant actuellement, ce qu’on appelle les IA générative. Le plus connu, c’est donc celui dont parle Bill Gates : ChatGPT de la société OpenAI.

Et plus particulièrement, je voudrais vous parler de 3 aspects qui me tiennent à cœur :

  • La relation entre IA et l’être humain dès aujourd’hui
  • La relation entre IA et les plus jeunes, en particulier dans l’éducation
  • Quelques réflexions personnelles sur l’avenir de la relation entre l’IA et l’être humain

Ma propre expérience de relation humain-ChatGPT

Depuis quelques mois, on parle donc beaucoup de OpenAI et de ChatGPT sorti officiellement fin 2022.

Une intelligence artificielle (IA) générative est un type d’IA qui est conçue pour créer de nouvelles données ou contenus à partir d’ensembles de données existants. Ces modèles d’IA sont basés sur des algorithmes d’apprentissage profond, en particulier des réseaux de neurones artificiels, et sont entraînés à partir d’énormes quantités de données. Ainsi Chat GPT est conçu pour comprendre et générer du texte en langage naturel, ce qui le rend capable d’interagir avec les utilisateurs par le biais de conversations textuelles.

Bref, vous posez une question à ChatGPT et il vous répond.

J’ai expérimenté ChatGPT (GPT 3 et GPT4) et dans une moindre mesure un autre outil, Jasper.

De ma petite expérience, ce qui m’a le plus marqué c’est la capacité de ChatGPT à générer des idées et d’ainsi éviter l’angoisse de la page blanche lorsque je dois écrire quelque chose ou même concevoir un nouveau projet. J’ai par exemples demandé à ChatGPT de me suggérer des idées pour concevoir un jeu de Team building pour accompagner une de mes conférences. Beaucoup d’idées étaient complétement « à côté de la plaque » mais certaines m’ont quand même inspiré. Et surtout, j’ai pu demander à ChatGPT de développer mes propres idées, un peu comme si j’avais un ami ou un collègue avec qui je pouvais brainstormer et échanger des idées.

En résumé, j’ai adoré la génération d’idée, nettement moins le travail fastidieux de sélection et de mise en forme qu’il me reste à faire avant d’avoir un texte ou un projet présentable et utilisable.

Et en écrivant cela, je me rends de l’énormité de ce que je viens d’écrire :

  • L’IA a été performante à générer des idées je n’ose écrire « créer » (car je crois qu’il s’agit d’un process différent) ET c’est justement cette partie que je pensais rester du domaine exclusif de l’être humain
  • C’est à moi de mettre en forme, ce qui je pensais être fondamentalement plus simple et donc du domaine des machines

Alors ce qui m’a laissé le plus songeur dans mes expérimentations, c’est cette question :

L’être humain va-t-il devenir une sorte de relecteur, d’assistant, de ce que produit l’IA ? J’imagine que c’est un peu l’inverse du but recherché.

 

Hal, l’intelligence Articielle du film 2001 Odysée de l’espace (spoiler : l’expérience avec Hal fini mal !)

ChatGPT (ou autres IA) à l’école ?

Je me souviens qu’à l’époque où j’étais encore lycéen le débat faisait rage (surtout au niveau des parents, beaucoup moins au niveau des élèves…) entre les pro et les anti-calculatrice : Faut-il laisser les élèves s’en servir ? En cours ? Pour les examens ?

Je remarque qu’aujourd’hui, nous avons tous, jeune et moins jeunes, dans notre poche avec notre smartphone plus de puissance de calcul que l’ensemble du programme Apollo en avait à sa disposition pour envoyer des humains marcher sur la lune et les ramener sur terre.

Donc j’imagine que le débat sur la calculatrice à l’école est terminé !

C’est en ayant à l’esprit ce débat que je lis les avis des pro et anti ChatGPT à l’école ou à l’université. Et fort de l’expérience de la calculatrice et même si de mon point de vue on n’est pas à la même échelle de révolution technologique, il me semble que les bonnes questions plutôt que pour ou contre, c’est :

  • Comment apprendre aux élèves (jeunes… et plus âgés) à s’en servir ? En particulier comment interagir et converser avec l’IA. Comment lui poser les bonnes questions, les bons « prompts » ?
  • Comment connaître et reconnaître les limites de l’IA dès le plus jeune âge ? Comment identifier ce qu’on appelle les « hallucinations » de l’IA ?
  • Et le plus important à mes yeux : comment l’intelligence artificielle pourrait devenir une sorte de tuteur personnalisé / assistant d’éducation / camarade d’apprentissage de l’élève et ainsi lui permettre d’apprendre mieux et plus rapidement ?

L’avenir de la relation homme – Intelligence Artificielle

Doit-on s’inquiéter de l’avenir du rapport humain-IA ? L’être humain va-t-il être dépassé, voire éliminé par une ou des formes d’intelligence artificielle ?

Souvent lorsque l’on se pose cette question, on regarde surtout les possibles évolutions de l’intelligence artificielle et beaucoup moins les possibles évolutions de l’être humain.

Mon intuition est que quel que soit la vitesse d’évolution de l’IA, si l’être humain n’évolue pas, tôt ou tard il sera dépassé !

Alors, deux questions me paraissent essentielles et urgentes :

  • Qu’est-ce qu’un être humain ?
  • L’être humain peut-il atteindre une « singularité de conscience » ?

Qu’est-ce qu’un être humain ?

Qu’est-ce qu’un être humain ? Depuis plus de 2000 ans, quelques personnes se posent la question, essentiellement les philosophes et les religieux. Aujourd’hui, j’al le sentiment que c’est devenu une question existentielle, au sens propre, que tout le monde doit se poser.

Par exemple, je crois que la question de savoir quand l’intelligence artificielle passera avec succès le test de Turing n’est plus la bonne question depuis déjà quelques temps. Le test de Turing est un test proposé par Alan Turing en 1950 pour évaluer la capacité d’une machine à imiter le comportement humain de manière indiscernable. Le test consiste à faire dialoguer un humain et une machine sans que l’humain sache si son interlocuteur est une machine ou un être humain. Si la machine est capable de tromper l’humain en le faisant croire qu’elle est elle-même un être humain, elle est considérée comme ayant passé le test.

La bonne question, à mon sens, c’est donc plutôt : est-ce que je suis plus humains qu’une IA ?

J’ai l’impression en effet de rencontrer de plus en plus de personnes qui ne passeraient pas le test de Turing !

J’ai ainsi parfois le sentiment d’échanger non avec des humains, mais avec des machines… pas très évoluées ! Par exemples, des personnes qui ne font que répéter, sans recul et sans réflexion, le denier article qu’ils ont vu sur Facebook ou la dernière vidéo Tik Tok. Ou encore les pauvres humains qui travaillent dans les centres d’appels…

Alan Turing (ce n’est pas un centre d’appels !)

La singularité de conscience

Le terme « singularité » a été popularisé par des futurologues et des chercheurs en IA comme Ray Kurzweil, qui prévoit que cette singularité pourrait se produire au cours du 21e siècle.

La singularité, également appelée « singularité technologique », est un concept qui décrit le point dans le futur où le progrès technologique, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle, deviendrait si rapide et si profondément transformateur qu’il engendrerait des changements inimaginables dans la société humaine.

L’idée de la singularité suggère ainsi qu’à un certain moment, les machines intelligentes pourraient devenir capables de s’améliorer elles-mêmes de manière autonome, en concevant et en construisant des machines encore plus intelligentes, sans intervention humaine directe. Ce processus d’auto-amélioration, que j’appelle auto-amplification ou encore effet papillon, pourrait entraîner ce qu’on appelle une explosion d’intelligence, dépassant rapidement les capacités intellectuelles humaines !

 

 

Alors si l’IA évolue rapidement pour se rapprocher et éventuellement dépasser une singularité, que reste-t-il à l’être humain ?

On retrouve ici les questions : « qu’est-ce qu‘un être humain » et bien sûr « quelles sont ses capacités à évoluer ».

Un petit supplément d’âme

De nombreuses voix dans les camps de la Singularité et du transhumanisme soutiennent que nous nous dirigeons vers la fusion de l’homme et de la machine, de la technologie et de la biologie. Si tel est bien le cas, définir l’humanité sera alors encore plus essentiel !

L’être humain est-il capable aussi d’évoluer sans fusionner avec la machine ? C’est ce que croient des personnes aussi variées que Pierre Teilhard du Chardin ou Sri Aurobindo

Personnellement, je crois que la fusion humain – technologie a déjà commencé avec notre smartphone en permanence à portée de main (et avec le sentiment quasi d’amputation que ressentent de plus en plus de gens lorsqu’ils sont éloignés de leur téléphone plus de quelques minutes…)

Alors, je crois que notre mission c’est de contribué à réaliser une sorte de Singularité de conscience, l’équivalent chez les humains de la singularité technologique chez les machines. Alors, fusionnés ou pas avec les machines, nous pourrions conserver ce que je vais appeler un petit supplément d’âme par rapport aux machines…

En résumé, voici mes réflexions et conseils sur l’Intelligence artificielle à ce jour :

  • Apprenons dès maintenant aux plus jeunes et aux moins jeunes à interagir avec ce nouvel outil
  • Réfléchissons, individuellement et collectivement à ce qu’est l’essence d’un être humain et qui ne se retrouve pas dans les machines ? quelles sont les bases de notre humanité ?
  • Et essayons, là aussi individuellement et collectivement, d’évoluer sur ces bases pour que si Singularité il y a, elle ne soit pas seulement technologique mais aussi une singularité de conscience, une évolution significative de l’être humain

Qu’est-ce qu’en pense ChatGPT ?

Pour conclure, j’ai bien sûr demandé à ChatGPT, ce qu’il pensait d’une éventuelle singularité de conscience humaine. Voici sa réponse :

L’idée d’une « singularité de conscience » ou d’une évolution significative de la conscience humaine en réponse à la singularité technologique est une hypothèse intéressante. Elle suggère que, face aux défis et aux opportunités posés par les avancées rapides en intelligence artificielle et en technologie, les humains pourraient également évoluer, soit naturellement, soit à travers des améliorations technologiques, pour augmenter leur conscience, leur compréhension et leur sagesse.

Il existe plusieurs façons dont cela pourrait se produire :

  • Amélioration cognitive : Les technologies pour améliorer les capacités cognitives humaines, telles que les interfaces cerveau-machine, la stimulation cérébrale ou les nootropiques, pourraient permettre aux humains de suivre le rythme de l’évolution technologique, en augmentant leur intelligence, leur mémoire et leur capacité à résoudre des problèmes complexes.
  • Développement personnel et spirituel : L’évolution de la conscience humaine pourrait également être stimulée par des pratiques de développement personnel et spirituel, telles que la méditation, la pleine conscience et l’introspection. Ces pratiques pourraient améliorer notre compréhension de nous-mêmes et de notre relation avec les autres et avec le monde qui nous entoure, nous permettant de mieux naviguer dans les défis posés par la singularité technologique.
  • Éducation et collaboration : La promotion de l’éducation, de la coopération et du partage des connaissances à l’échelle mondiale peut également contribuer à l’évolution de la conscience humaine. En mettant l’accent sur l’apprentissage continu et la résolution collaborative des problèmes mondiaux, nous pourrions être mieux préparés à faire face aux changements rapides induits par la singularité.

Si c’est ChatGPT qui le dit…

You may also like

6 comments

  • Frank 13/04/2023   Reply →

    Bonjour Bruno
    C’est quoi exactement une “singularité “??
    Y aurait il un ou des exemples dans le passé?

    La question de savoir ce qu’est un être humain est fondamentale à résoudre, chacun individuellement avant de paniquer devant ChatGPT. Il ne pourra pas y avoir une seule réponse.
    Ce qui va probablement arriver c’est une forme de schisme entre les adeptes du trans-humanisme et les réfractaires.
    D’ailleurs je serais curieux de connaître la conception qu’ont les trans humanistes de l’humain pour vouloir le dépasser.

    • brunomarion 14/04/2023   Reply →

      Merci beaucoup Frank!

      Je ne pense pas qu’il y est d’exemple dans le passé de Singularité Technologique telle que définie par ceux qui utilisent ce terme aujourd’hui…

      Mais des révolutions technologiques majeures, oui bien sûr (écriture, imprimerie, roue, et bien sûr le couteau suisse !)

      Pour ce qui est de la conception de l’humain pas les transhumanistes, je ne peux parler que de ceux que j’ai rencontrés. Je dirai, pour rester poli, que leur conception m’a paru très « égocentrique »…

  • Lionel 14/04/2023   Reply →

    Bonjour Bruno,
    oui , je suis d’accord avec le résumé :
    -apprenons surtout aux jeunes à avoir un esprit capable d’analyser les révolutions technologiques apportées par les robots , l’intelligence artificielle , un esprit critique qui permet de prendre du recul …
    – sur l’essence d’un être humain qui ne se retrouve pas dans les machines : la connexion avec l’invisible , les corps subtils , les guides, les anges , les maîtres ascensionnés ….
    – sur la singularité de conscience avec trois plans : notre corps, l’extérieur et la relation entre notre corps et l’extérieur : cette singularité en particulier de l’extérieur comprend le visible , l’invisible et l’univers….

    • brunomarion 14/04/2023   Reply →

      Merci beaucoup Lionel !

      C’est sûr que si l’intelligence artificielle se connecte aux anges alors il ne nous reste plus que le maraîchage 🙂

      Et encore…

  • Denis Cocquet 19/04/2023   Reply →

    Cher Bruno,

    J’aime cette idée de singularité de conscience pour préciser une des différences spécifiques de l’homme versus ce que l’IA partage de générique avec nous.

    J’aime cette autre idée que la machine progressant, le bon angle serait de croître plus encore, non en expansion mais en profondeur pour s’en différencier.

    Et puis cette autre idée que le sentier pour qu’elle ne prenne pas le pouvoir sur nous est de garder autorité sur elle par ce que nous avons d’unique.

    Avec cette urgence existentielle et vitale de ne pas se contenter de nommer la singularité de conscience comme un phare dans la nuit mais comme une terre intérieure à habiter.

    Et quelles seraient les voix qui peuvent nous y conduire et les voies qui pourraient nous aider à nous y établir dans un premier temps personnellement et dans un deuxième à nous lier les uns aux autres dans un réseau résolument humain allant de la confiance à l’amour en passant par l’amitié.

    Le dernier dialogue de Hal dans 2001 Odyssée de l’espace est effectivement éclairant dans un premier temps et explosif dans un deuxième.
    Je pense donc je suis, j’ai choisi donc j’explose.

    Plus populaire et moins ambitieux le cinquième élément de Luc Besson s’achève dans le salut obtenu lorsque Korben, poussé de toutes parts, déclare à Leeloo qu’il l’aime.

    Leeloo Dallas Multipass…

    Quels sont les Multipass qui ouvrent et déploient la conscience puis offrent de les relier entre elles ?

    • brunomarion 24/04/2023   Reply →

      Merci beaucoup Denis pour ces mots plein de bon sens et qui me donnent envie de réfléchir encore plus sur ces sujets ! Encore merci.

Leave a comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.