Les cadeaux du chaos
Les théories du chaos nous offrent 3 outils totalement nouveaux et innovants.
Ces 3 outils sont :
- L’attracteur étrange
- L’effet papillon
- Les images fractales
Aujourd’hui je voudrais revenir sur l’importance de l’attracteur étrange, le moins connu des trois, très utile en particulier dans les situations de crise que nous traversons ou que nous allons traverser.
Ce que nous apprennent les théories du chaos c’est que le chaos, c’est pas le bordel !
Dans le chaos, il y a un ordre caché. L’attracteur étrange, c’est cet ordre caché.
Ordre, désordre et chaos
On peut dire qu’un système (un ensemble de choses qui interagissent entre elles comme un corps humain, une entreprise, une collectivité, une nation, l’humanité) peuvent être dans un de ces états : l’ordre, le désordre et le chaos.
Le désordre
Dans la nature, dans la vie, il y a ce qu’on appelle le désordre ou encore le hasard. Dans ce cas on ne peut rien prévoir ni contrôler. Il peut y avoir des règles statistiques qui s’appliquent mais on ne peut rien prévoir de précis.
Le désordre : on ne peut pas prévoir et on ne peut pas contrôler.
Si l’on est face à un système dans un état de désordre, il ne faut donc pas chercher à le contrôler ou à le prévoir. On peut au mieux chercher s’il y a des statistiques, des probabilités dont on pourrait se servir.
L’ordre
Un deuxième état possible dans la vie, dans la nature, c’est l’ordre : une fois qu’on a compris, on peut prévoir et on peut également contrôler.
Par exemple, une fois que l’on a compris comment fonctionne le système, une machine, une voiture ou un avion, on peut le contrôler.
Si tout va bien, même avec un système très compliqué comme un avion, quand le commandant de bord pousse tel bouton, il se passe telle chose qui est prévue (sinon on a des problèmes !)
L’ordre : on peut prévoir et on peut contrôler.
Si l’on est face à un système en état d’ordre, parfois appelé système linéaire, il faut chercher à comprendre le fonctionnement du système, ce qui nous permettra de prévoir et contrôler son évolution.
Le chaos
Ce qu’on a découvert avec les théories du chaos c’est qu’il existe un troisième état possible où, à la fois, comme avec le désordre, on ne peut pas prévoir et en même temps comme avec l’ordre, il ne se passe pas n’importe quoi !
Il y a un ordre caché, ce qu’on appelle un attracteur étrange.
Ci-dessous, vous pouvez observer l’attracteur étrange de Lorenz (le même Edward Lorenz qui a créé le terme d’effet papillon). Le point qui bouge correspond à la description d’un exemple de système chaotique. A la fois, on ne peut pas prévoir précisément la trajectoire du point (donc l’état du système) et en même temps, il est facile d’observer un pattern, un schéma.
Le point ne fait pas n’importe quoi !
Le chaos : à la fois on ne peut pas prévoir ce qui va se passer et en même temps il ne se passe pas n’importe quoi.
Si l’on est face à un système chaotique, inutile donc de chercher à prévoir précisément ou à contrôler l’évolution du système. Cela est voué à l’échec. Ce que l’on peut faire c’est chercher à identifier (ou créer) un ordre caché : l’attracteur étrange. On pourra aussi chercher à utiliser les phénomènes d’auto-amplification propre à un système chaotique (effet papillon) : comment changer des petites choses pour avoir de grands effets : par exemple mettre en place des routines ou des rituels dans sa vie.
Un attracteur étrange, comme c’est étrange ?
Avant de voir comment créer et utiliser son propre attracteur étrange dans le monde chaotique qui est le notre, je voudrais illustrer l’idée d’attracteur étrange avec deux métaphores. Les métaphores, cela n’est pas la réalité et en même temps cela aide notre cerveau à comprendre des choses nouvelles par analogie !
Est-ce que vous avez déjà fait du vélo ou de la moto dans du sable ?
Je me souviens de la première fois où j’ai fait de la moto dans le sable. C’était pendant mes études et nous avions décidé avec mes amis Philippe, Franck et Pierre-Alain de traverser le Maroc en moto pendant les « grandes vacances ».
Pendant ce voyage, j’attendais avec impatience et excitation d’arriver dans les dunes de sable du sud marocain. A l’époque le Paris Dakar était encore à la mode et devait avoir eu une grande influence sur mon jeune esprit d’aventurier…
Nous voilà donc arrivé devant les superbes dunes.
Et me voilà parti à l’assaut de la plus proche. Dès les premiers mètres, le guidon de ma moto se met à osciller à droite et à gauche et plus je cherche à le contrôler, plus cela empire (l’effet d’auto-amplification) jusqu’à ce qu’on appelle dans les théories du chaos l’effondrement (appelé plus communément la gamelle dans le monde des motards…)
Après plusieurs essais (et plusieurs gamelles), la seule solution, c’était de faire appel à mon ami Pierre-Alain, qui était lui un vrai motard expérimenté, pour me sortir de là.
Car lui, connaissait le secret : pour ne pas tomber, il ne faut surtout pas se concentrer sur le guidon. Au contraire, il faut l’oublier, ne surtout pas chercher à contrôler mais simplement regarder un point au loin devant la moto (il faut aussi donner de la vitesse à la moto…)
Ce point que l’on regarde au loin, c’est l’attracteur étrange.
L’autre métaphore que je voudrais partager c’est le phare dans la tempête : quand vous êtes dans une tempête, ce qui va vous aider vous et votre équipage, c’est d’avoir une vision très claire d’où vous voulez aller. Le bateau tangue dans tous les sens, le vent et les courants peuvent changer, tout est instable et pourtant, vous maintenez le cap vers le phare (réel ou virtuel).
Le phare dans la tempête, le point fixe en moto, c’est votre attracteur étrange.
Créez votre attracteur étrange !
Parmi toutes les personnes que j’ai eu la chance de rencontrer, certaines ont été plus exposées que d’autres à des niveaux incroyables de stress et d’incertitude, par exemple les membres des forces spéciales ou les journalistes de guerres.
Je pense par exemple à John Peters. Si vous êtes britanniques et avez plus de 50 ans, il y a de très grandes chances que vous connaissiez John : c’est un des sept derniers prisonniers de guerre britanniques encore en vie. Son avion a été abattu par l’armée irakienne lors de la première guerre du golfe en 1990. Il a survécu mais a été capturé avec son copilote par l’armée irakienne. Ils ont été emprisonnés et torturés pendant 7 semaines avant d’être libérés.
Alors que nous buvions un verre ensemble à Londres, je lui ai posé la question : « Dans ces moments de crise incroyable, d’incertitude absolue et d’intense souffrance, qu’est-ce qui t’a permis de tenir ? » John a réfléchi quelques instants avant de me répondre : « Deux choses m’ont fait tenir. Tous les jours, je visualisais très précisément mon rêve : les retrouvailles avec mon épouse et mes enfants. Je sentais l’odeur de leurs cheveux, la douceur de leur peau, j’entendais leur voix. Et la deuxième chose, cela a été de mettre en place des routines et des rituels quotidiens, comme par exemple nettoyer ma cellule tous les jours (John a été par moment enfermé dans des cellules minuscules et sans lumière…) C’est ce qui m’a permis de tenir physiquement et moralement. »
Parce que nous vivons aujourd’hui dans un monde de plus en plus chaotique (parce que nous sommes plus nombreux et plus connectés les uns aux autres), je vous invite à suivre les conseils de John pour prospérer dans l’incertitude et être plus résilient :
- Construisez votre attracteur étrange : ayez un (des) rêve(s)
- Mettez en place des rituels et des routines : 5 minutes de routines par jour peuvent changer votre vie
Imaginez ainsi que dans une situation chaotique, une crise comme celle que nous vivons aujourd’hui et toutes celles que nous pourrions vivre, nous puissions créer dans notre propre vie un attracteur étrange. Imaginez que même si on ne peut pas tout prévoir dans une crise, nous puissions faire en sorte qu’il ne se passe pas n’importe quoi ?
L’attracteur étrange a exactement la même fonction que le point fixe quand vous êtes dans le sable en moto. Ou encore le phare dans la tempête. Ou le rêve de John : vous permettre d’être plus résilient, de traverser la crise et d’en sortir positivement (John Peters a reçu 25000 lettres de citoyens anglais à son retour d’Irak, a écrit un livre sur son expérience. Il est aujourd’hui un conférencier très demandé).
Comment créer ou clarifier ses rêves ?
Je rencontre souvent des personnes qui me disent « mais moi je n’ai pas de rêves » ou « je n’en veux surtout pas« .
Personnellement, je crois que si vous êtes du genre humain (ce qui devrais être le cas si vous me lisez… Et bonjour aux robots !) je suis assez convaincu que vous avez des rêves. Exprimés ou pas.
Vous avez des rêves !
Simplement ces rêves ne sont peut-être pas formalisés. Ils ne sont peut-être pas conscients.
Ce que j’appelle votre rêve, votre vision, ou même votre utopie (cela n’a besoin d’être réaliste), c’est la réponse à la question : où est-ce que vous avez envie d’être dans un an ou dans 10 ans ?
Choisissez l’échelle de temps qui a le plus de signification dans votre vie aujourd’hui selon votre âge, selon votre histoire et selon votre contexte personnel et professionnel.
Comment découvrir ses rêves ?
Vous n’avez pas besoin d’avoir des rêves précis et détaillés. Un rêve ça peut être une image, une idée, une musique, une chanson, un tableau, une photo qui évoque quelque chose pour vous.
Peut-être avez-vous déjà une vision claire de vos rêves. Super, alors si cela n’est déjà fait, écrivez-les sur une feuille de papier ou une application de notes sur votre ordinateur/tablette/téléphone.
Si vous n’avez pas encore de vision claire de vos rêves, pas de souci ! Le plus simple pour définir son/ses rêve(s), son attracteur étrange, c’est de faire la chose suivante : allez vous promener pendant une demi-heure, une heure, autant de temps que vous voulez, dans la forêt ou dans un parc. Vous pouvez également vous promener au bord de l’eau, au bord d’une rivière, au bord de la mer. Si jamais vous méditez régulièrement, je vous invite à faire une méditation peut être un petit peu plus longue que ce que vous faites habituellement.
Avant de partir en promenade ou de commencer votre méditation, emmenez avec vous cette question : où est-ce que j’ai envie d’être dans un an ou dans 10 ans ?
Vous pouvez formuler différemment la question. Vous pouvez par exemple emmener avec vous les question suivantes :
- Quelle est ma journée idéale ?
- Qu’est-ce que j’ai envie de vivre dans un an ou dans 10 ans ?
- Où suis-je dans un an ou dans 10 ans ?
- Avec quelle(s) personne(s) je suis ?
- Qu’est-ce que je mange dans un an ou dans 10 ans ?
- Où est-ce que j’habite ?
- Qu’est-ce que je suis en train de faire dans un an ou dans 10 ans ?
Et partez en promenade ou en méditation avec ces questions.
Laissez émerger
Le secret de la réussite, c’est de ne pas chercher à répondre à la question !
Laissez la nature, l’univers, Dieu, le cosmos, répondre à cette question. Laissez simplement les réponses émerger dans votre esprit. Il y a des jours où vous allez avoir plein d’idées, et puis peut-être qu’aujourd’hui pour vous ce n’est pas le bon jour. Ce n’est pas grave. Recommencez un autre jour. Surtout, pas de pression !
Et à plusieurs ?
Souvent on me demande : est-ce que dans le cadre d’une équipe, d’un couple, d’une entreprise, on doit tous avoir le même rêve ?
Ma réponse est non bien sûr.
Vous n’avez pas besoin d’avoir tous le même rêve, que ça soit avec votre partenaire ou avec les membres de votre équipe !
Ce qui est important c’est que vos rêves soient compatibles au moins pour un certain temps.
Si je reprends l’image du bateau, votre destination finale n’est peut-être pas la même pour tous, mais un peu comme avec des auto-stoppeurs, vous allez faire un bout de chemin ensemble parce que ça a dû sens pour vous et pour les autres membres de la famille ou de l’équipe.
Je vous invite ainsi à partager très régulièrement vos rêves avec vos proches ou vos collègues afin de vérifier que, en tout cas pour l’instant, vous avez toujours envie de continuer ce bout de chemin ensemble.
Votre rêve… ou celui des autres
Quand la vie est linéaire, pas besoin d’avoir de rêve clairement exprimé. Il y a 150 ans, si vos parents étaient paysans en Ardèche, statistiquement vous alliez devenir paysan en Ardèche. Pas besoin d’avoir un rêve. Vous pouviez en avoir un, mais cela n’était pas indispensable. Aujourd’hui dans un monde plus incertain et chaotique, il est beaucoup plus important d’être clair sur son/ses rêve(s), de créer son attracteur étrange, son phare dans la tempête.
Et aujourd’hui si vous n’avez pas de rêve, vous risquez de vous réveiller un matin et de vous rendre compte que vous consacrez l’essentiel de votre temps, de votre énergie, de votre vie, à réaliser le rêve d’un(e) autre… qui n’est peut-être pas du tout le vôtre !
Et après ?
Pour augmenter les chances de réalisations de vos rêves, un seul secret : visualisez-les tous les jours.
Comme John Peters, c’est une de mes routines quotidiennes les plus importantes.
Je vous invite à essayer : Prenez une ou deux minutes pour visualisez vos rêves, par exemple le matin avant de commencer votre journée.
Ainsi, vous utilisez deux des cadeaux des théories du chaos :
- En visualisant votre rêve quotidiennement, selon vos croyances, Dieu exercera vos prières, l’univers exercera les lois de l’attraction, ou selon les théories du chaos, vous créerez votre propre attracteur étrange : chaque décision, consciente ou inconsciente, que vous prendrez dans la journée sera alignée avec votre rêve
- Et grâce à l’effet papillon, ces petites décisions auront, dans certains cas, de grands effets et vous rapprocheront encore plus de votre rêve
Essayez !
Et dites-moi ce que vous observez dans votre vie…
Découvrez maintenant les autres cadeaux du chaos : les images fractales et l’effet papillon.
Prenez soin de vous,
Bruno Marion, le Moine Futuriste
Super intéressant , à essayer et appliquer pour le coup !!! Merci Shanti
Merci beaucoup ! Cela me fait très plaisir 🙂
Merci Bruno pour ce bel article. Mon rêve est que tout le monde ait cette connaissance et que le monde s’éveille dans la paix et le sacré.
Merci beaucoup Yoan !